épisode 14 - Vie et mort de trois traîtres des maquis du Lot, responsables de centaines d'arrestations, de tortures, de déportations et d'exécutions

Rédigé le 27/10/2023
la mairie


Rappel / pour retrouver l'épisode 13 - Londres, le général de Gaulle facilement, c'est ICI / épisode 13

(une bulle verte en haut à droite de la page vous permettra d'apporter vos commentaires et remarques dans le respect de chacun).

 

Gabriel BÉNONI


(SOURCE : Extraits de l’encyclopédie des mouvements et partis de la Seconde Guerre Mondiale - Site qui recense en l’assumant, la nébuleuse de l’extrême-droite fasciste pendant la guerre ).
”Promotions : Sergent-chef / Unterfeldwebel
Adjudant / Feldwebel : … 1942”
Gabriel Bénoni est né le 11 mai 1909 à Ussel (département de la Corrèze), dans une famille gitane. Titulaire de vingt-huit condamnations (1). Engagé volontaire en septembre 1939 (il est alors marchand de chevaux à Riom), il est affecté dans des usines, à Vichy, puis Agen. Démobilisé en juillet 1940, il subit une peine de prison pour coups et blessures, puis s'installe à Agen, travaillant à l'usine Grange. Engagé à la LVF le 23 mars 1942, comme sergent-chef (2), il est envoyé au camp de Kruszyna, puis monte en ligne le 18 juin. Il est démobilisé le 4 décembre 1942, au grade d’adjudant 3, après avoir été blessé et hospitalisé à Varsovie (4)
Il souscrit un contrat de travailleur volontaire en Allemagne, le 4 janvier 1943. Affecté à l'usine d'armement Askania Werk à Berlin. Bénéficie d'une permission le 24 juillet 1943. A l'issue de celle-ci il ne regagne pas son poste.
Il se cache un temps à Brive, jusqu'au 10 septembre, puis regagne Agen, où il se livre au commerce de tissus dans la région, jusqu'à son entrée au service du SD de Cahors le 16 décembre 1943 (5).
Il opère à travers tout le département, volant de grosses quantités d'argent et de biens (allant parfois jusqu'à 200 000 francs) (6). Il aurait aussi commis plusieurs viols. Arrêté par la police française le 11 février 1944, pour pillage à Puy-l'Evêque. Prévenu, le chef du SD de Cahors s'oppose à son arrestation, mais la maintient pour le compte de la police allemande ! Bénoni est transféré à la prison Saint-Michel.
Il fuit en Allemagne à la Libération (7). Il fut agent du SD à Stettin jusqu'en décembre 1944 au moins, où il rencontra une française, avec qui il rentre en France en mai 1945 (il est alors replié à Lubeck), avec une voiture à cheval. Il est reconnu par un ancien résistant travaillant pour la police, en gare de Moulins, le soir du 5 juillet 1945, et mis aux arrêts. Malgré sa fausse identité, il est rapidement démasqué.
Jugé le 24 mai 1946 par la Cour de justice d'Agen, il est condamné à la peine de mort et la confiscation de ses biens. Il fut forcé de reconnaître la plupart de ses méfaits, devant les faits établis. Il fut qualifié d'accusé contre lesquelles le plus de charges pesaient contre lui au sein de la juridiction d'Agen.
Il est fusillé le 12 juillet 1946.

1) Condamnations qui s'échelonnent de 1923 à 1943, à travers toute la France -de part sa qualité de nomade- (Ussel, Brive, Paris, Limoges, Gourdon, Villefranche-de-Rouergue, Tulle, Guéret, Riom, Agen, La Réole, Sarlat...), principalement pour vols, escroqueries, port d'arme prohibé, violences (la plupart n'excèdent pas quelques mois de prison).
Les deux premières furent commises étant mineur, et il fut acquitté comme ayant agit sans discernement. A la troisième, il fut envoyé en colonie pénitentiaire jusqu'à l'âge de dix-huit ans, de 1923 à 1927.
2) On est en droit de penser qu'il s'agit d'un grade usurpé.
3) Un inspecteur de police d'Agen dira l'avoir vu en permission à deux reprises, la première comme sergent-chef, la seconde fois comme adjudant (en décembre 1942, tout juste démobilisé).
4) C'est du moins la version qu'il raconta à sa maitresse en 1945.
Devant la police il déclara s'être fait une piqûre de térébenthine dans le mollet (le 2 juillet 1942) afin d'être réformé...
5) Il déclarera avoir été arrêté par la police allemande, et fait prisonnier trois jours. On lui aurait alors fait la proposition d'entrer comme chauffeur au service du SD...
6) - Le 6 janvier 1944 il monte un guet-apens au maquis de Cajarc, se faisant passer pour un maquisard. Plusieurs FFI furent tués.
- Le 23 janvier 1944 il interpelle un juif à son domicile, à Cahors, qui, par réflexe de survie, lui saute dessus, et se prend deux balles dans la bagarre. Bénoni le laissa pour mort (il survécut, et témoigna contre lui à son procès).
- La nuit du 24 au 25 janvier, toujours à Cahors, il interpelle trois hommes à leurs domiciles. Deux d'entre eux résistèrent, et furent blessés par balle. L'un d'eux fut déporté en Allemagne, et ne revint pas.
7) Il déclara à son procès avoir été arrêté par les Allemands à Vichy le 27 février 1944, et interné à la prison Saint-Michel (Toulouse) jusqu'en juin 1944, puis à Compiègne, dont il s'évada le 26 juillet, et passa ensuite en Allemagne, se faisant passer pour un réfugié milicien.
Cette histoire totalement invraisemblable est contredite par le témoignage de sa compagne, rencontrée en Allemagne, ainsi que par le fait que Bénoni opéra à des arrestations à Figeac en mai 1944.”

 

André ISANOVE


(SOURCE : Extraits de l’encyclopédie des mouvements et partis de la Seconde Guerre Mondiale) :
Biographie d'André ISANOVE, chef régional du RNP (Rassemblement National Populaire - Le Rassemblement national populaire (RNP) est un parti politique français fasciste et collaborationniste, fondé par Marcel DÉAT pendant l’occupation allemande. Le RNP, qui a existé du 2 février 1941 jusqu’en 1944, avait une ligne politique néo-socialiste et embrassait le projet d’Europe nazie unifiée. Il se destinait ainsi à « protéger la race ». ) de Toulouse de mars à août 1944 et agent du SD.
André Noël Isanove est né le 6 juin 1906 à Laurium, en Grèce, d'un père français et d'une mère italienne. En 1910 la famille déménage en Turquie, car le père est nommé directeur des Mines. Le père est mobilisé dans l'armée française en 1914, et le jeune André regagne la Grèce avec sa mère. En 1918, la famille s'installe dans la Loire, où le père est nommé chef de service dans les usines Arbel. André suit les cours de l'école Pratique d'Industrie. En 1920 la famille s'installe à Nontron (le père est directeur des usines de plomb). Il se brouille avec son père, et fuit à Blayes, où il se fait embaucher comme maître d'internat, ce qui lui permet de finir ses études. En 1926 il trouve un emploi de comptable dans une usine de Périgueux. Appelé au service militaire, il tente de se suicider d'un coup de revolver dans le cœur, après une dispute avec un officier. Il mettra deux ans à s'en remettre, habitant chez une sœur dans le Nord. Il passe un an à l'école hôtelière de Grenoble, dont il est exclu pour dépression nerveuse. Il obtient malgré tout son diplôme, et passe trois ans à faire des stages dans les plus grands établissements de la capitale. Il assiste en spectateur aux évènements du 6 février 1934, et se blesse (accidentellement?) à la tête. Après dix-huit mois à travailler comme agents de publicité pour deux publicistes, il se fait embaucher comme inspecteur général de l'Encyclopédie Française (fondée par Anatole De Monzie), occupant cette fonction six mois, et ayant en charge huit départements. En 1939 il fonde une savonnerie à Paris (il avait découvert une nouvelle formule chimique de savon). Mobilisé en septembre 1939 à Périgueux, et réformé un mois plus tard pour troubles mentaux (il s'était battu avec un sergent). Il quitte Paris avec sa future femme (1) et ses beaux-parents, début juin 1940. Il s'installe à Figeac en 1941, comme marchands de fruits…
… Il emprunte une grosse somme à un entrepreneur en transports de Toulouse, afin de monter une entreprise d'exploitation forestière et de vente de charbon. Son entreprise devient florissante, et il finit par avoir des ennuis avec l'inspection des Eaux et Forêts, qui lui reproche des comptes mal tenus et des statistiques de production incorrectes (Isanove pense que la jalousie des autres exploitants est à la base de ces ennuis).
De plus, Isanove fournissait du bois aux allemands (dont la base de Francazal). Il se met sous protection du SD de Cahors, mais cela n'empêche pas qu'il soit arrêté par la gendarmerie, et interné quinze jours à Sisteron (2).
En septembre 1943, son ancien promoteur toulousain lui fournit une affaire dans le Gers. Il finit par avoir de nouveaux ennuis avec les autorités, et son exploitation est réquisitionnée en février 1944, et on nomme un nouveau gérant à sa place, le forçant ainsi à vendre son affaire à un prix inférieur au marché. En février 1944 il prend contact avec Déat via la permanence du RNP toulousain, lui écrivant qu'il était prêt à adhérer au RNP si on l'aidait à résoudre son affaire.


Courant mars 1944 Isanove est donc nommé chef régional du RNP à Toulouse (succédant à Pierron). C'est aussi sans doute vers ce moment là qu'il devient membre appointé du SD (3), car ses anciens ennemis (l'inspecteur des Eaux et Forêts Kommer et son concurrent qui voulait reprendre l'affaire à moindre prix) sont arrêtés (4). Isanove récupère son exploitation, et la production devra être livrée aux allemands. Comme chef du RNP, il se borna à des questions sociales (création d'une colonie de vacances dans le Gers), il exclut du parti le gestapiste Carrera, et refusa de faire rentrer les membres du RNP à la Milice (5). Il fait partie de l'équipe du SD détachée auprès des unités de la ”Das Reich”, dans le figeacois, les 11 et 12 mai 1944 (6). De multiples rafles furent faites, Isanove servant d'interprète et de personne jugeant qui devait être arrêté, réglant ainsi par la même occasion de nombreux comptes avec les locaux, qu'il accusait de l'avoir toujours mis à l'écart et jaloux de son succès. Il suit ensuite à Montauban les allemands, où il opère à plusieurs arrestations. Il s'enfuit dans la colonne allemande de Toulouse le 19 août 1944. Il s'établit à Stuttgartt. Passe en Italie à la fin de la guerre, où il vit plus de trois ans (7). Arrêté par les gendarmes le 12 mai 1949, il avait été reconnu par un ancien déporté, dans un restaurant de Montauban, alors qu'il était déguisé en clown ! Jugé par la Cour de justice de Toulouse le 26 novembre 1949, et condamné aux travaux forcés à perpétuité et la dégradation nationale à vie. Il sera libéré quelques années après de la prison de Clairvaux, et terminera sa vie comme peintre dans le quartier de Montmartre.
1) Il l'épouse en 1941. Elle mettra au monde trois enfants, et elle est morte en août 1944, dans des circonstances inconnues. Selon André Isanove, elle n'est pas morte en couches, car quand il l'a quittée (trois jours avant), elle allait bien. Il soupçonne donc les FFI de l'avoir tuée. 2) Condamné à un mois de prison et 10 000 francs d'amende par le tribunal correctionnel de Figeac. 3) Source : PV de Henri Brune, à qui Isanove avait montré sa carte, en mai 1944.
4) L'inspecteur régional des Eaux et Forêts finit par être libéré, sous condition de ne plus inquiéter Isanove. Isanove fit également arrêter le garde général des Eaux et Forêts (ce dernier lui dressait un procès-verbal, et Isanove le menaca de l'envoyer casser du caillou en Ukraine), le secrétaire administratif du Comptoir forestier de Cahors et l'inspecteur des Eaux et Forêts d'Agen. 5) Décrit par certaines sources comme de « mœurs spéciales » (homosexuel), il était connu pour tenter de coucher avec ses camarades gardes du corps (Eugène Defremont et Aribaut, armés de mitraillettes). 6) L'on pourra se documenter plus profondément en lisant le livre de François Sauteron : « Deux beaux salauds : la rafle du figeacois des 11 et 12 mai 1944 ». 7) Il y fit une tentative de suicide, en s'ouvrant les veines.
P.S. André Isanove est décédé à Paris le 1er juillet 1967.

HERCULE (Hector Paul LEROY)
À défaut de sa biographie, je vous cite ci-dessous toutes les publications trouvées sur cet individu.
Né dans le nord en 1924, d’une famille alsacienne, condamné et recherché pour de petites escroqueries. Il avait 19 ans a moment des faits, il parlait Allemand.

Voir témoignage de Jeantou Nadal à Sauliac-sur-Célé :
[…] Parmi les maquisards il y avait “HERCULE” le traître, un Lorrain ou Alsacien, un infiltré. Il venait à la maison avec CHAPOU. Un jour ça chauffait pour lui, il s’est enfui par la fenêtre du Restaurant du Pont. Il savait tout de nous ; que nous donnions régulièrement à manger aux maquis. C’est lui qui m’a dénoncé. Je l’ai revu avec l’uniforme allemand quand ils m’ont arrêté et envoyé à Montauban. Sur ma fiche j’avais pu lire et j’avais retenu un seul mot que j’ai oublié aujourd’hui mais qui voulait dire : SUSPECT en allemand ! (verdächtig ?).
HERCULE hurlait : “C’est moi qui commande ici !”.

Gilbert VERDIER (Né le 31 décembre 1923 à Decazeville (Aveyron), décédé le 1er juillet 2017 à Labège (Haute-Garonne) ; instituteur dans le Lot ; résistant F.T.P.F ; militant du SNI ; militant communiste) sur HERCULE dans son livre
“Ma Résistance” éditions Messages, 2003 :

… “A ce moment de mon récit, avant que ne s'achève la période "Résistance", je crois devoir évoquer quelques journées, inoubliables pour les Lotois, au cours desquelles la soldatesque allemande prouva de quelle abjection elle était capable.
je n'ai pas été témoin direct des atrocités commises, ni les 11 et 12 mai, ni le 21 mai 1944. Pourtant, si je les cite, c'est que deux éléments guident mon choix. je n'oublie pas, pour autant, les crimes perpétrés, sur d'autres innocents, à l'encontre des populations d'autres villes et villages.
Le 11 mai donc, plusieurs bataillons du régiment S.S. "Der Fürher", de la division “Das Reich”, venus du Tarn-et-Garonne où ils étaient cantonnés, déferlent sur le Lot. Partout où ils passent, ils arrêtent, tuent, pillent, incendient, Cabrerets, Lauzès, Orniac, Blars, Cardaillac, Latronquière, Molières, Gorces, Terrou, Saint-Médard-Nicouby, Assier, Grèzes, Le Bourg, Lacapelle-Marival, Saint-Céré, Souceyrac, Saint-Maurice... ne pourront oublier.
Je l'ai déjà signalé, notre camarade “NANOU” est tué près de Saint-Céré.
Le 12 mai, c'est au tour de Figeac, Bagnac, Lunan, Saint-Félix, Saint-Perdoux, de connaître l’horreur.
Et, tout au moins en ce qui concerne Figeac, il est nécessaire de souligner que les criminels étaient guidés par un jeune français qui osa parader dans la ville en uniforme de gradé S.S. Ce traître, je l'ai bien connu : il s'était engagé au maquis “France” et, quand nous avions dû choisir un pseudonyme, ses camarades plus anciens que moi, l'avaient baptisé “HERCULE”. Par dérision, sans doute. Car il n'avait rien d’un colosse : pas grand du tout et plutôt chétif.

Pendant des semaines, je l'ai côtoyé. Jamais nous ne nous sommes doutés qu'il était un agent allemand. Tout au plus nous le jugions malhabile. A cette époque, le maquis “France” disposait d'un camion Citroën, un P45 à gazogène (pendant la guerre, pour pallier la pénurie de carburants, les camions et même des autos étaient équipés d'un dispositif spécial qui permettait de distiller du bois pour produire un gaz remplaçant l'essence. La distillatioin s'effectuait dans une grosse cuve qu'il fallait charger en prenant certaines précautions pour que la production de gaz soit suffisamment abondante et régulière pour alimenter correctement le moteur.
Marc, chauffeur de CHAPOU, assurait la conduite du camion puisqu'il était chauffeur routier de profession, et HERCULE était son “second”, chargé de garnir et d'allumer la marmite.
Je me rappelle encore les "râlantes" de Marc à l'encontre d'HERCULE à leurs retours de missions. Presque à chaque sortie le gazo fonctionnait mal, sauf quand Marc, en colère, assurait le chargement de la cuve.
Mais, de là à supposer que ces pannes étaient voulues...
HERCULE avait eu l'occasion de se rendre à Figeac et d'y rencontrer quelques résistants. En effet, au maquis “France”, il s'était lié d'amitié avec un Figeacois, Pierre LIAUZUN, et ce dernier ayant obtenu l'autorisation d'aller voir sa famille, HERCULE avait bénéflclé d'une permission pour le suivre. Et c'est ainsi, que le 12 mai, il put être reconnu.
Plus de 800 personnes furent arrêtées au cours de ces deux journées. 600 furent contraintes au travail en Allemagne, certaines dans les camps de la mort. Neuf autres, y compris des enfants, furent tuées dans leurs villages. Des granges, des maisons d'habitation furent incendiées par dizaines.
Et dire qu'un Français était complice de ces crimes !
Mais le hasard fait parfois bien les choses. Longtemps après, HERCULE, fut reconnu dans un cinéma de Dijon, par un Figeacois. Ce dernier sut convaincre la police de procéder à son arrestation. Le criminel fut, transféré dans le Lot, jugé à Cahors condamné à mort et fusillé.
Je me souviens très nettement de l'importance de la foule qui, le jour où devait être prononcée la sentence, se pressait autour du Palais de Justice trop petit pour la contenir. Etaient présents des résistants, des déportés, des membres de familles de victimes de la barbarie nazie et parmi eux, de nombreux Figeacois. Tous nous exigions que justice soit rendue et que la seule sentence possible soit exécutée à Cahors.
Car nous avions appris grâce à l’indiscrétion d’un gendarme ancien résistant qu'après la fin de son procès, HERCULE serait transféré à Montauban. Pourquoi ? Pour que l'exécution de la peine à laquelle logiquement il allait être condamné, soit retardée, reportée et finalement ajournée définitivement ? C'est ce que nous avons craint. Après la Libération, une grande majorité des fonctionnaires et parmi eux, bien des juges de haut rang, qui avaient servi le régime de Vichy et sévi contre la Résistance, avaient gardé leurs fonctions. Déjà des collaborateurs notoires s’étaient retrouvés blanchis après avoir été inculpés.


Cela, nous ne pouvions l’admettre. HERCULE devait payer sa félonie. Une délégation fut désignée. J'en faisais partie. Elle se rendit à la préfecture sollicita une audience du Préfet. Il nous reçut. Il fut mis au courant de ce que nous avions appris et de notre opposition à la réalisation de ce projet.
Nous saurions nous opposer à l'enlèvement d'HERCULE.
Il se rendit à nos arguments et s'engagea à ce que la sentence prise à l'égard de ce traître soit appliquée à Cahors.
HERCULE fut effectivement condamné à mort et exécuté à la caserne Bessières, en présence de quelques camarades qui voulaient être certains que l'application de la sentence n'était pas simulée.
Encore aujourd’hui, nous sommes quelques survivants du maquis “France” à nous poser, certaines questions.
Comment se fait-il que nous n'ayons pas été pris par les Allemands ainsi que notre chef ? Est-ce parce que nous changions souvent de cantonnement rendant ainsi difficile toute localisation ?
Doit-on à HERCULE l'incendie des châteaux de Cieurac et de Loubéjac ? Dans l'affirmative, il ne fait aucun doute que nos ennemis pensaient bien nous piéger dans ce dernier cantonnement. Et si le groupe a pu leur échapper c'est, comme je l'ai souligné, grâce à la solidarité active des habitants du secteur.
Quant à CHAPOU il se trouvait dans le Ségala ainsi que je l’ai déjà précisé.
Ces questions n'auront jamais de réponses”.

François SAUTERON sur HERCULE,
”Deux beaux salauds” éditions l’Harmattan 2011
[…] ”Tout avait commencé vers la fin de l'année 1943, un peu avant Noël. Le cordonnier Maurice CUNAUD qui tenait boutique avenue Aristide Briand à Montauban, se rendit sous les hangars de son ami Paul GOLSE, un charpentier. Il était accompagné d’un jeune gringalet, presque un nain.
-”Le gosse veut entrer dans la Résistance”.

Alors on s'était expliqué. Il disait s'appelait Jacques Croisier. Arrêté à Valenciennes avec son père, il venait de s'évader d’un camp de concentration où on l'avait interné en temps que jeune communiste. Il était parti juste avant d'être embarqué pour l'Allemagne. Il voulait rentrer au maquis F.T.P.F pour venger son père fusillé par l’occupant, c'était son devoir. Évidemment, on le plaignait, le petit. On lui donna alors le le mot de passe pour qu'il voit cette Résistante.
Elle l'envoya au maquis France, dans une bergerie près de Jamblusse, en bordure du camp militaire de Caylus.
Certes, les Allemands basés à Montauban venaient parfois y faire des séances de tir et quelques manœuvres, mais il prévenaient toujours le garde champêtre pacager dans le camp.

C'est Pierre LIAUZUN de Figeac, qui accueillit la nouvelle recrue à la demande de Jacques Chapou. […].

Hector Paul LEROY, alias HERCULE, condamné à mort le 26 juin, a été fusillé à la caserne Bessières à Cahors le 28 juillet 1945 en présence de témoins du maquis. Il n’y a aucune trace de son décès dans les archives départementales du Lot, à aucune date…

Il avait 21 ans au moment de son exécution.

 

Bibliographie :


Les Chroniques du Musée de la Résistance (Cahors) - Tomes 1, 2 et 3, 2003
Guy Penaud, La ”Das Reich” 2e SS Panzer Division, La Lauze – 2ème édition, 2005
Georges Cazard et Marcel Metges, ”Capitaine Philippe” - 2ème édition 1984
Gilbert Verdier, ”Ma Résistance”, Messages – février 2003
R. Picard et J. Chaussade, ”Ombres et Espérances en Quercy”, éditions de la Bouriane 1999
Colonel Georges (Robert Noireau), ”Le Temps des Partisans”, Flammarion 1978
Jeanne-Luce Marcouly ”Caniac-du-Causse en Quercy”, éditions de la Bouriane 1998
Elsa Triolet, "Le premier accroc coûte deux cents francs” éditions Denoël 1945
Clara Malraux, ”la Fin et le Commencement” éditions Grasset 1976
Olivier Todd ”André Malraux – une vie” NRF éditions Gallimard 2002
François Sauteron ”Deux beaux salauds” éditions l’Harmattan 2011
Pierre Laborie ”Résistants, Vichyssois et autres” éditions CNRS 1980
H.R. Kedward ”À la recherche du maquis” éditions du Cerf (1999)
”Maquis de Corrèze” - Cent-vingt témoins et combattants, Éditions sociales 1971

 


Il faut rétablir une vérité occultée par l’Histoire.
Pour redorer l’image de notre armée tristement écornée par la déconfiture de juin 1940, la Libération devait être militaire, française, ”gauloise” et masculine. Les historiographes gaullistes de la Résistance, sans la nier, gommèrent la participation des étrangers dans les maquis : Espagnols, Italiens, nombreux réfugiés juifs de toute l’Europe, etc. ; pour les mêmes raisons, ils minimisèrent la participation pourtant très importante… des femmes.
L’Histoire nous a habitués à ces oublis. Ainsi, il a fallu attendre l’époque récente, pour que soit rappelée l’importante implication dans la guerre de 14-18, de nos frères des colonies : d’Afrique noire, d’Afrique du nord, d’Indochine, des Antilles, de l’Océan indien, et dans une moindre mesure dans le conflit de 39-45.
Le sang versé pour notre liberté a pourtant la même couleur.
De même, les historiographes ont occulté la très importante aide logistique de nos alliés britanniques et américains, comme la déroute des Allemands en URSS, tous ces éléments décisifs dans la chute du troisième Reich.


Charles de GAULLE réfugié en Angleterre, n’a pas apprécié d’être tenu à l’écart de toutes les décisions importantes prises à Londres par les alliés anglo-américains.

Dès juillet 1940, Winston CHURCHILL a organisé l’infiltration d’agents du SOE en France. Environ 400 clandestins dont quarante femmes, ont été introduits dans le pays, sur toute la période de l’occupation allemande. Ces agents d’origines diverses (Britanniques, Français, Canadiens, Mauriciens, Américains, Belges, Australiens), formés outre-Manche, ont accompli d’importantes missions, en lien avec les maquis VENY ”attentistes” : renseignement, consignes opérationnelles, coordination des groupes de résistants, etc..
Ainsi dans le Lot, les agents George HILLER ou Cyril WATNEY ont préparé le débarquement allié en supervisant des sabotages, en organisant des parachutages d’armes et d’explosifs, en installant des moyens fiables de communication avec Londres.
Churchill, Roosevelt et de Gaulle craignant un coup d’état bolchévique à la fin de la guerre, refusèrent d’armer les maquis F.T.P. communistes du Lot, Ils furent tenus volontairement à l’écart des parachutages et de l’appui logistique d’outre-manche jusqu’à l’approche du débarquement.
Il faut ajouter à cela les relations exécrables entre CHURCHILL, ROOSEVELT et de GAULLE, au point que la France fut écartée de la signature des accords de Yalta, où le monde fut partagé entre les premiers et STALINE.

Lauzès 2023

 


 FIN

Prochainement un récapitulatif avec l'ensemble des liens....