Rappel / pour retrouver l'épisode 7 -Blars - Sauliac-sur-Célé - Orniac facilement, c'est ICI / épisode 7
(une bulle verte en haut à droite de la page vous permettra d'apporter vos commentaires et remarques dans le respect de chacun).
La résistance dans les cantons de Lauzès
CANIAC-DU-CAUSSE
Extrait de document émanant du Musée de la résistance de Cahors – 15/02/2007) :
Ce village médaillé de la Résistance, est un des symboles de la lutte, dans notre département, contre l'occupant. Il abrita un maquis dans la forêt de la Braunhie.
Dans l'une des grottes de cette zone sauvage fut installée une importante cache d'armes. Avertis par les habitants, la plupart des maquisards purent pour la plupart échapper à l'attaque de la Gestapo du 26 février 1944. L'un d'eux était trésorier de l'Association Nationale des Médaillés de la Résistance en 2007.
On déplore la mort de l'aubergiste COMBES Jean le 14 octobre 1944 à Flossenbürg et celle de CACHO Narcisso le 20 février 1945 à Dachau. Le troisième déporté MARSHAL, revenu très malade, ne survécut que peu de temps.
Certains de ces maquisards poursuivirent leur lutte dans les Groupes Veny, d'autres formèrent le maquis F.T.P. Guy MOQUET”.
Extraits de “Ombres et espérances en Quercy” - Picard et Chaussade (Éditions de la Bouriane”) :
“Le maquis de Caniac :
Deux hommes sont à l'origine de la création de ce maquis : Raoul COUDERC et Mangieu, boulanger à Boissières.
Raoul COUDERC dirige en 1940 une entreprise Bois et Charbons à Cahors. Il est, de ce fait, en contact avec des exploitants forestiers. Il est par ailleurs lié avec la Grande Loge maconnique de Cahors.
C'est sous sa direction que se réalise l'enlèvement des documents de cette organisation dans les locaux de Cahors. La même opération est effectuée par ASTRUC au Grand Orient de France.
En 1942, RAOUL est en relation avec le mouvement (”Libérer et Fédérer” par l'intermédiaire de ROLAND, de Montauban. Les contacts se font chez CAMINADE restaurateur à Cahors. En 1942, RAOULsert de relais. Il récupère les réfractaires au S.T.O. en gare de Cahors et les dirige vers les exploitants forestiers. Vingt de ces hommes travaillant chez BORDES Dégagnac sont arrêtés par les gendarmes et emprisonnés à la caserne Bessières à Cahors. RAOUL organise leur évasion. Ils sautent le mur d'enceinte près de l'abreuvoir et Raoul les transporte dans le camion de FRANCOUAL vers le maquis d'Arcambal où CHAPOU les prend en charge. RAOULdoit s'occuper de plus en plus des réfractaires au STO qu'il dirige vers Caniac-du-Causse.
Pratiquement au centre du département du Lot, dans la région Causse, une vaste forêt de maigres chênes appelée “La Braunhie” au milieu de laquelle se trouve le petit village de Caniac-du-Causse.
En cette période de restriction de carburant un seul produit de remplacement : le charbon de bois. Il était donc normal que cette vaste forêt sans essences de valeur retienne l'attention des exploitants forestiers et charbonniers. Un exploitant forestier de Boissières, MANGIEU, installe d'abord une équipe de bûcherons constituée de réfugiés lorrains ayant fui l'occupant; à cette équipe se joignent bien- tôt nombre de jeunes du Lot, réfractaires au S.T.O., aiguillés sur Caniac, étant donné l'importance des travaux entrepris et la situation isolée des lieux.
Dès le début de 1943, il s'avère nécessaire de contrôler ces hommes, de les encadrer et les ravitailler. Au titre de “Libérer et Fédérer”, Raoul COUDERC prend la responsabilité du maquis. Il lui est adjoint André ROHR dit “Dédé” qui en assure par la suite le contrôle. Les recrues transitent par Cahors et sont transportées par FRANCOUAL, dit Ludo, de Cahors.
De par sa situation au centre de la forêt, le village se trouve pris dans la vie du maquis ; de l'instituteur Odet DELMAS, au receveur FAURIE, en passant par PEZIN, MEULET et autres, tout le monde participe plus ou moins aux événements journaliers ; au début, même, le P.C. sera installé au restaurant COMBES.
Après l'arrestation de Basile BORNES, exploitant forestier qui avait créé le maquis de Dégagnac, les restes dudit maquis rejoignent Caniac. BORNES arrêté d'abord en 1943 par les gendarmes de Gourdon, relâché après un internement au camp de Noé, puis repris par la Gestapo, devait mourir fusillé au camp de Souges le 27 juillet 1944.
C'est par CAMINADE que RAOUL est en liaison avec le mouvement “Libérer et Fédérer”. Sur le plan plus spécifiquement militaire, il fait partie de l'Armée secrète au même titre que d'autres maquis. Il y a d'ailleurs parfois confusion entre les hommes de COUDERC et ceux qui, après avoir abandonné Laroque-des-Arcs, sont amenés par CHAPOU vers Clavel au lieu-dit “Naudou” et qui seront soutenus par DÉFENIN
Quant au maquis de Raoul COUDERC il fait l'objet d'une traque accrue. En mai 1943, CAMINADE prévient RAOUL que la Gestapo est à son domicile. RAOUL dès ce jour prend totalement le maquis vers lequel il a entraîné un certain nombre de marins. C'est ensuite CAMINADE qui est arrêté et transféré à la Gestapo de Cahors.
Un groupe dirigé par RAOUL avec THÉVENOT Brel, André RHOR, Marcel COUDERC tente de le délivrer. Le coup de main ne réussit pas. Un homme de RAOUL est tué et la Gestapo place des chicanes et renforce sa défense. Les pertes allemandes s'élèvent à un tué et plusieurs blessés.
En juin 1943, le maquis comprend 34 résistants et son effectif va augmenter au fil des mois.
Fin novembre 1943, le maquis de Caniac se sentant surveillé, il est prévu un repli sur la basse vallée du Lot. COUDERC se rend à Montcabrier où Roger COMBAREL de Vire, a trouvé un emplacement valable. Des camions d'une entreprise téléphonique garés à Labastide-Murat sont réquisitionnés et servent à déplacer le maquis à sa nouvelle résidence.
Il est rattaché au secteur Il A.S.-Vény de Cazals aux ordres de BROUEL. Lorsque PICARD a, en septembre 1943, pris la direction de l'A.S. RAOUL est resté dans l'organisation avec toujours la double hiérarchie : Armée secrète avec PICARD et CHAPOU, chef des maquis sur le plan militaire, «Libérer et Fédérer» sur le plan civil. En effet, à Cahors, RAOUL a claqué la porte et quitté les M.U.R. Début 1944 avec le passage de CHAPOU aux F.T.P.F communistes, le maquis de RAOUL suit le mouvement. THÉVENOT par contre, rejoint, de son propre chef, le P.C. départemental A.S.-VÉNY À partir de février 1944, les activités du maquis se rattachent aux actions propres aux F.T.P.F.
Avant de quitter Caniac, il est juste de rappeler que cette petite commune de France a été décorée de la médaille de la Résistance avec rosette”.
Témoignage de Jean Cuesta (*)
né le 23/02/1918 à Albacete (Espagne)
Réfugié politique de la Guerre civile espagnole 1936-1939 – Résistant.
Médaillé d’une des plus hautes distinctions militaires espagnoles.
“J'étais employé agricole à Durbans, chez les DESPEYROUX.
Monsieur DESPEYROUX était prisonnier en Allemagne.
A mon tour, j'ai été appelé pour partir en Allemagne au STO. Je ne voulais pas partir. Madame DESPEYROUX eut une excellente idée qui, sans doute, m'a sauvé la vie.
Elle est allée en vélo à Catus où se trouvait le siège de la compagnie des réfugiés espagnols. Elle leur a dit que son mari était prisonnier et qu'elle devait s'occuper de 5.000 pieds de tabac avec un seul ouvrier, Juan CUESTA, et elle demandait aux autorités de le lui laisser. On lui a accordé un mois de plus de présence de son ouvrier.
Par la suite, on a reçu un nouveau télégramme pour aller à Catus puis partir en Allemagne, puis un autre ; deux fois en deux mois. Cette femme courageuse est repartie à Catus et a réussi à impressionner l'autorité en faisant mention des connaissances qu'elle ne manquerait pas d'informer : le Directeur Général d'Algérie.
Le capitaine lui a alors répondu de garder son ouvrier. Obtenir que je ne parte pas en Allemagne sur le champ prouvait assez ses qualités.
Hélas, au bout de trois semaines, un nouveau télégramme nous est parvenu. Alors au lieu de me présenter à la compagnie, j'ai gagné le maquis de Caniac.
On entendait parler du maquis mais il était difficile de trouver ces hommes, les gens ne parlaient pas, ils avaient peur.
J'ai passé deux jours au Restaurant COMBES. Je voyais tous les jours Jean COMBES, il était gentil. Le lendemain, en me promenant, je cherchais à savoir, par ruse mais je ne connaissais pas Caniac. J'ai alors pris un chemin et je suis arrivé chez PONS à Lale. C'était le jour où ils tuaient le cochon, le "tuaïre" était Théophile SERRE.
M. PONS a compris tout de suite quand je lui ai dit que je cherchais du travail, quelle était ma situation réelle. Alors il m'a dit :
- Je comprends très bien, vous allez manger la soupe avec nous.
Entre PONS et moi, on s'est tout de suite compris. A la fin du repas on a parlé un peu plus librement, je lui ai franchement dit quelle était ma situation.
- Vous revenez à Caniac, à midi, cinq à six hommes viendront déjeuner chez COMBES. Ces hommes font du bois dans la Braunhie mais ce travail est un prétexte, ce n'est pas le bois qui les intéresse car ce sont des Résistants.
Je suis revenu à Caniac et à midi, des hommes sont venus manger. Ils étaient à une table et moi j'étais seul à une table un peu éloignée.
Ce jour-là, il y avait un monsieur en plus, c'était M. CHAPOU. Il a dit au responsable, André ROHR:
- Qui est ce Monsieur, là-bas ?
André ROHR a répondu c'est un Espagnol qui cherche du travail... CHAPOU a tout de suite compris et il a dit :
- Quand un Espagnol vient pour gagner le maquis, il ne faut pas lui demander d'où il vient... Tu l'emmènes.
Le jour même je gagnais le maquis à Naudou, accompagné d'André ROHR. Nous étions dans une maison, chez MÉJECAZE. Je suis resté là une dizaine de jours; par la suite, il a fallu déménager, la nuit.
Le Préfet du Lot, de l'époque, était Résistant et il avertissait la veille d'une descente allemande.
M. PRADIÉ, père, a été un des premiers Résistants de l'époque, même s'il n'était pas dans l'armée secrète. Chaque fois qu'il voyait quelqu'un, il nous disait :
- Venez faire quatre heures.
Quand on partait, il nous donnait une tourte de pain.
On quitte Naudou. On suit les Résistants de l'endroit Odet DELMAS, MESMPOULET, MAURY de Labastide-Murat, HENRI, employé des Tabacs.
A la tombée de la nuit, ils préparaient...
A Pelayrac, on a trouvé BOUDET, marchand de bestiaux, Alphonse PEZIN de la Tuilerie. Le déplacement était dangereux il fallait se cacher.
A Pelayrac, le lendemain matin, il y avait vingt centimètres de neige et il faisait froid.
De là, on est allé à Labastide-Murat, dans une petite grange située après le Parc, route de Cahors. On y est resté trois jours. on était déjà une vingtaine. Au départ de Naudou, on était quatre à cinq. En 1944, les effectifs grossissaient vite.
MAURY et MESPOULET nous portaient le café le matin dans un gros faitout. A midi et le soir, la soupe.
De là, on est allé à Montcabrier où on est resté trois semaines. Nous nous procurions la viande, des agneaux morts, pris sur le ravitaillement destiné à l'armée allemande que nous réussissions à leur substituer. Un soir on leur a pris une vache vivante et elle s'est sauvée...
Cependant, l'Adjudant de Gendarmerie de Puy-l'Evêque était embêté d'avoir gardé ces denrées. Cela risquait d'attirer les soupçons de l'autorité allemande. Le lendemain matin, vers dix heures, l'Adjudant de Gendarmerie accompagné d'un Gendarme sont venus au camp et se sont adressés à la sentinelle, un jeune volontaire, sans expérience.
- On peut voir le Chef, lui demande-t-on?
Vous allez voir le Chef tout de suite leur répond-il. André ROHR me dit :
- Accompagnez-moi, s'il vous plaît.
Avant de l'emmener à la sentinelle, je leur ai demandé de déposer leurs armes.
Ils ont demandé à notre Chef André ROHR d'aller ailleurs se ravitailler, le risque étant trop grand de prendre les produits destinés aux Allemands.
Je les ai raccompagnés et leur ai remis leurs pistolets. Je n'ai pas manqué de faire la leçon à la sentinelle car nous étions devenus des Résistants avec lesquels il fallait compter.
De Montcabrié on est allé à Carlucet, à la ferme de M. Bonacoste, située à côté du château. Je faisais partie de la sécurité.
Nous sommes allés à une réunion de la Résistance au château de Mercuès, il y avait presque tous les Chefs de la Résistance et les Résistants du Lot.
Les Espagnols étions restés dehors pour monter la garde. Il faisait froid. Vers quatre heures du matin, on nous a donné du vin chaud.
Le lendemain matin, nous devions nous rendre à Caniac. Les Résistants de Labastide étaient au courant de la réunion, ils savaient qu'on devait passer par Labastide pour aller à Caniac. MESPOULET et MAURY attendaient au foirail de Labastide pour nous dire que les Allemands nous attendaient à Caniac, c'était le jour où ils devaient se trouver à Caniac.
Le Chef RAOUL, de Cahors, aidé de ROHR ont dit au chauffeur espagnol André, qu'il y avait les Allemands à Caniac...
Cependant, à ma surprise, ils lui disent :
- Allons à Caniac, là où on les trouvera, on verra bien.
L’embuscade :
On les a trouvés entre le cimetière du village et Soulomès : une voiture allemande avec quatre soldats allemands.
En arrivant à hauteur du cimetière, nous avons vu la voiture allemande en embuscade à l'entrée du village de Soulomès...
Nous avons stoppé, les Allemands se sont mis à tirer, les occupants de la voiture sont descendus en co