épisode 11 - Musée de la résistance du Lot

Rédigé le 22/09/2023
M. Le Maire


Rappel / pour retrouver l'épisode 10 - Saint-Géry - Vers facilement, c'est ICI / épisode 10

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Extraits d’un témoignage publié pour le 50ème anniversaire de la Libération du Lot :

D’après les Résistants actifs dits “tactiques”, il y a Résistant et résistant :

“Toutes ces années, les “statiques” et les “sympathisants” furent nombreux dans le Lot et très utiles par le soutien logistique qu’ils apportèrent aux différents maquis.

Ils étaient indispensables pour la nourriture et la collecte de renseignements, pour avertir les maquisards en cas de danger. Ces gens discrets demeurèrent souvent anonymes après la guerre. Beaucoup firent de la Résistance sans le savoir, naturellement, par simple solidarité.

Nous ne les remercierons jamais assez de leur aide précieuse.

Parmi les Résistants les purs étaient ceux de la première heure. À partir du 6 juin 1944 un certain nombre d’ancien “amis de l’Allemagne” firent des pieds et des mains pour se faire oublier en intégrant les rangs de la Résistance. Certains moururent en héros, rachetant leurs fautes par leur sacrifice. Pour d’autres, une brève apparition dans un maquis leur permit de passer entre les mailles du filet à la fin de la guerre.

À la Libération, il y eût certainement des “dérapages”. La Résistance les a assumés. S’il y avait des aventuriers parmi les maquis, les vrais maquisards étaient des républicains convaincus, soucieux de vérité et respectueux de la vie humaine ; ils n’avaient pas la fibre aux règlements de comptes lors de “l’épuration”, même si nous avons su et dû assumer nos responsabilités à plusieurs reprises. Plusieurs d’entre nous ont témoigné que lors des arrestations d’anciens collabos, le doute profitait à l’accusé.
C’est souvent les “résistants de la dernière heure” qui furent les plus virulents à tondre les femmes, à désigner les “collabos” et à désigner tel ou telle à la vindicte populaire.
Tout comme il y avait résistants et résistants, il y avait des degrés dans la “collaboration”. Chacun doit comprendre qu’il n’était pas facile pour une personne désarmée et impuissante de désobéir quand elle avait un révolver ou une mitraillette sur la tempe ou sur celles de ses enfants, mais qu’il en est autrement quand d’autres faisaient du zèle pour obtenir les faveurs de l’occupant...”.

Les objectifs des Résistants furent différents avant et après le débarquement de 6 juin 1944. Le rôle des premiers maquis était de détruire la capacité de fabrication d’armement et de matériel de guerre, d’empêcher le transport des matériels militaires, de casser la puissance de feu allemande par tous les moyens.
À partir du 6 juin, les objectifs seront de retarder la remontée des effectifs allemands vers la Normandie, par des sabotages de voies ferrées, des embuscades incessantes.
Mais la vie quotidienne continuait entre les combats, avec ses joies et ses moments de détente. Ainsi Elsa TRIOLET journaliste et compagne du poète communiste Louis ARAGON souhaite rencontrer un maquis.
Ce sera dans le Lot, à la cazelle des Bois-Noirs au-dessus de Ramassollie :
“Jean Marcenac, dit Jean Walter va avoir la surprise agréable de faire visiter à Elsa Triolet les maquis du Lot sur lesquels, dans la clandestinité, elle a décidé de faire un reportage.

Cette tâche lui a été confiée par Georges Sadoul au nom du Comité National des Ecrivains. La compagne de Louis Aragon nous a laissé des pages admirables sur ces F.T.P. qu'elle découvre, conduite par Marius Roussiès le chauffeur de la “voiture noire” ' où sont assis Jean Marcenac, Elsa Triolet et ... Renaud. Il faut lire ou relire "Le premier accroc coûte deux cents francs" d'Elsa Triolet  (Prix Goncourt 1945, Premier prix Goncourt décerné à une femme).

Ce titre reprend la phrase de Radio-Londres du 6 juin 1944, annonçant le débarquement des Alliés en Normandie : le feu vert attendu par les maquis pour entrer en insurrection contre l’occupant sur le territoire français.
Voici un passage émouvant, mais il y en a tellement d'autres :
"J'écoute Renaud (CHAPOU) qui me présente aux Francs-tireurs, mais j'ai la tête ailleurs. Elle est à ces enfants alignés devant nous, je pense à eux...
Je pense qu'ils avaient une adresse, un métier, un lit avec des draps... Ils travaillaient, allaient au café, prenaient l'autocar, couraient à des rendez-vous d'amour, jouaient avec leurs gosses, se laissaient gâter par leur mère... Maintenant, ils ont des camarades et une tanière. C'est beaucoup, et ça fait battre le coeur”…
[…] … et André Malraux ? Penseront certains... Vous oubliez André Malraux...
Nous nous devons de rappeler qu'André Malraux n'eut aucune responsabilité à la direction de la Résistance dans le Lot.
Le 22 juillet 1944 il fut arrêté près de Gramat par des SS furieux. Le chauffeur du véhicule qui le transportait, Marius Loubières, fut tué. Le major George Hiller fut blessé. Le colonel Collignon réussit à s'échapper, non sans faire le coup de feu, avec Emilio Lopez, son garde du corps.
André Malraux fut amené à la prison Saint-Michel à Toulouse, où le Maquis l'a libéré quelques jours plus tard. D'aucuns lui prêtent une tentative de s'imposer à la direction des F.F.I. lotois. Il n'est pas facile de le prouver. Ce qui est sûr, en tous cas, c'est qu'elle ne connut pas le moindre succès.
Mais l'un des faits dont les Résistants lotois sont à juste titre très fiers, c'est d'avoir été choisis pour cacher et protéger quelques 3200 tableaux du Louvre que René Huyghe et son groupe ont surveillé au château de Montal et dans la région de Vayrac-Bétaille.
La mystérieuse Joconde, chef d'œuvre de Léonard de Vinci était du nombre. C'est en Quercy qu'elle prit le maquis pour échapper au nazis.
Nous n'avons pas eu la possibilité de découvrir son mystérieux sourire. C'était plus prudent de ne le point tenter. Et nous ne saurions reprocher aux Conservateurs éminents réfugiés en Quercy d'avoir été à la fois vigilants et discrets”.

Pendant plusieurs mois, j’ai interrogé des anciens du Lot, des personnes en tous points remarquables. Ils arrivent au terme d’une vie entièrement consacrée au travail depuis l’âge de dix ans pour certains d’entre eux. Ils ont travaillé pour finir comme ils avaient commencé : “légers d’argent” aurait dit Georges Brassens, mais riches d’avoir vécu une période où les mots solidarité, fraternité et amitié s’exprimaient en retroussant les manches et en sortant la tourte de pain du tiroir. C’est parmi ces petites gens, pourtant pétrifiés de peur, que la Résistance a recruté ses héros à jamais inconnus.
Il faut chercher parmi ceux qui en disent le moins ; ce sont bien souvent ceux qui en ont fait le plus.
” Poule qui chante fort, ne pond pas le plus gros œuf ”.

Résistants, Vichyssois et autres” Pierre LABORIE (Cnrs 1980) :
“Au mois de décembre 1943 les maquis M.U.R. regroupent environ 250 hommes qui se répartissent en 8 unités combattantes dont 1 maquis de triage plus une équipe de parachutage et un état-major départemental (24). Au mois de janvier le nombre des maquis passe à 14 dont 3 formés de républicains espagnols.
Les effectifs dépassent alors 360 hommes mais ils diminuent au cours du mois.
Le maquis Timo se disloque et le maquis Douaumont, installé dans la vallée du Lot près de Saint-Martin Labouval, perd 25 de ses 31 hommes lors de l'attaque menée par les Allemands dans la nuit du 8 au 9 janvier 1944.
Si CHAPOU est toujours le chef respecté et incontesté des maquis du Lot il a parmi ses adjoints un organisateur remarqué, Robert NOIREAU, “GEORGES”, chef du maquis Bessières implanté dans la région de Latronquière et membre du parti communiste dont il était un des militants actifs dans la région parisienne.